Troisième d’une série dont les éditions précédentes datent de 2016 et 2019, l’étude de marché qui a été commandée par France Transition, la Fédération française du Management de transition, à l’institut Xerfi avait pour objectifs d’estimer la taille du marché en 2023, d’identifier les moteurs et les freins au développement de celui-ci et enfin de cerner les principaux enjeux pour la profession (cf. lien vers l’étude complète).
La croissance soutenue du marché s’est maintenue malgré le COVID
Malgré la crise du COVID, le marché a continué de croître à un rythme soutenu (+16,1% par an en moy. de 2019 à 2023, après +13,6% de 2016 à 2019) pour s’établir à 800 M€, soit un quasi doublement en quatre ans.
Les chiffres du marché intermédié, c’est-à-dire le marché qui passe par les différents intermédiaires, qu’ils soient « pure players », acteurs non spécialisés ou plateformes, font ressortir une croissance plus importante encore à près de 20% par an. En 2023, 70% des missions ont été réalisées via un intermédiaire, soit une hausse de cinq points par rapport à 2019.
Augmentation du nombre d’acteurs identifiés sur le marché, garanties de plus en plus importantes demandées par les clients et difficultés pour les managers indépendants d’allier gestion de mission et prospection sont les facteurs principaux qui expliquent cette part grandissante de l’intermédiation.
Le marché se structurant progressivement, on assiste à un phénomène de concentration : les 10 principales Entreprises de Management de Transition (EMT) captent 80% du marché en 2023, contre 65% en 2019.
Des éléments de fond en soutien de cette croissance
« Aujourd’hui un recours plus naturel au management de transition s’opère de la part des dirigeants »
Cette croissance du marché est le fruit d’un environnement favorable issu de la rencontre :
- du côté entreprises des tensions persistantes sur le marché de l’emploi (cf le taux de chômage des cadres historiquement très faible à 4%), de leurs besoins en agilité et en nouvelles compétences (digital, RSE…) et enfin de l’élargissement de la clientèle
- de l’arrivée de nouveaux managers de transition attirés par cette manière d’exercer leur métier, plus dans l’opérationnel, avec une feuille de route précise à délivrer en s’affranchissant de la politique et avec une vraie liberté de parole et d’action.
Le management de transition bénéficie d’une bien meilleure notoriété
D’un côté des entreprises qui, toujours plus nombreuses, ont pu mesurer l’impact favorable sur leur organisation d’une mission délivrée par un professionnel aguerri à ce type d’exercice et accompagné par l’expérience d’un associé expert de l’EMT.
Aujourd’hui le management de transition a gagné ses lettres de noblesse en tant qu’outil RH à disposition des entreprises, au même titre que le conseil et l’intérim, et elles n’hésitent plus à y avoir recours. Si bien que 30% des clients ayant fait appel à la transition l’année dernière étaient de nouveaux clients.
« Les entreprises ayant fait appel une fois au management de transition sont souvent enclines au réachat, ce qui nous conforte sur l’activité future »
Et de l’autre côté des salariés qui côtoient de plus en plus de managers de transition, que ce soit dans la sphère professionnelle ou privée, qui les évangélisent à leur métier et leur ouvrent la voie.
Tous les voyants sont donc au vert pour que la croissance persiste dans les années à venir, comme en témoignent les estimations des EMT elles-mêmes : 82% de celles-ci anticipent une croissance >10% par an. Il suffit de rapporter ce chiffre de 800 M€ aux milliards que représentent les marchés du conseil ou de l’intérim, ou encore aux 3 Md€ du marché allemand du management de transition, pour s’en convaincre.
Car les réservoirs de croissance sont bien là :
- en région: l’Ile de France, malgré un rééquilibrage qui s’opère au profit des régions AURA et Hauts de France, représente encore 50% des missions en 2023,
- en termes de fonctions ou de secteurs: les fonctions commerciales et marketing sont encore sous-représentées, tout comme les secteurs des services
- en matière de typologie : dans un contexte d’urgence climatique on s’attend à une forte croissance des missions dites « A Impact »* qui n’ont représenté qu’entre 8 et 15% des missions en 2023
« Les sujets environnementaux mobilisent au sein des entreprises, notamment auprès des jeunes. C’est important de maîtriser le sujet ; il est voué à prendre de l’importance dans le management de transition »
Il existe bien évidemment des freins au développement du marché, au premier rang desquels le coût qu’une mission peut représenter, surtout pour les petites structures. Même si, plus que de raisonner en termes de coût, il conviendrait de raisonner en termes de ROI, il peut se révéler très onéreux de faire appel à un manager de transition pour les start-up, PME et TPE.
Autres freins identifiés : la réticence à faire venir une personne extérieure aux plus hauts niveaux de l’entreprise et parfois le manque de clarté de l’offre de management de transition. Mais là il ne tient plus qu’aux EMT elles-mêmes de jouer leur rôle en matière de communication et de pédagogie…
*Le management de transition à impact (MTI) consiste, au travers de missions, à améliorer de façon mesurable les organisations sur les plans social, sociétal ou environnemental, tout en renforçant leur performance économique et leur résilience