Hydrogène zéro carbone : Mcphy ou le management de la transition énergétique

Analyse - Marché, Revue de presse

Le jeudi 9 juin, Procadres International organisait un cocktail dinatoire autour du thème de l’hydrogène zéro carbone. Organisé en l’occasion des cinq ans de notre bureau lyonnais, l’évènement a débuté par une table ronde animée par le journaliste BFM Michel Picot et Jean-Baptiste Lucas, DG de l’entreprise McPhy et invité principal.

Présentation de l’activité de production et de distribution de l’hydrogène

Entre l’interdiction des moteurs thermiques sur le territoire de l’UE dès 2035 et la volonté de s’affranchir de la dépendance aux hydrocarbures d’importations, il y a fort à parier que McPhy, l’un des leaders de la production d’hydrogène vert sur le continent, ait un grand rôle à jouer dans le bon déroulement de ces transitions futures. Son dirigeant nous a en tout cas touché quelques mots sur l’utilisation de l’hydrogène aujourd’hui, l’évolution de cette source d’énergie dans le futur et le levier très important que représente le passage à un hydrogène dit vert (produit à base d’énergies renouvelables).

McPhy, entreprise française possédant plusieurs sites en Europe, notamment en Allemagne et en Italie où travaille la moitié des effectifs de l’organisation, se positionne comme l’un des cinq leaders européens des technologies de production d’hydrogène vert. L’organisation a divisé son activité en deux lignes de business : l’un des leaders de la production dans des sites de production dédiés et sa distribution via des bornes de recharge. L’hydrogène produit est ensuite utilisé pour trois secteurs principaux, Jean-Baptiste Lucas (DG) nous explique :

“Tout d’abord, le secteur de l’industrie. Par exemple, lorsque vous fabriquez une tonne d’acier ou de ciment vous avez besoin d’hydrogène, et c’est un besoin que l’on retrouve dans la plupart des process industriels. Ce besoin amène à des opportunités de décarbonation de ces process industriels qui constitue l’une de nos parts de marché principales.

Second segment d’importance capitale lorsque l’on parle d’hydrogène : la mobilité. En effet, ce secteur voit son utilisation d’hydrogène augmenter avec l’apparition et le développement des véhicules fonctionnant à l’hydrogène. Il y en a déjà un bon nombre en Europe, que ce soient des camions ou des flottes de taxis.

Le troisième usage assez important qui peut être cité quant à notre activité est celui du stockage d’énergie. Tout d’abord il faut préciser que l’hydrogène est un vecteur énergétique, c’est à dire que ce gaz a un pouvoir de production d’énergie, mais qu’il est également un moyen simple de stocker cette énergie sous forme de puissance installée électrique. C’est l’idée de pouvoir transformer des kW/h d’énergie renouvelables en électricité que vous pouvez stocker et utiliser au fur et à mesure des besoins.”

Un marché européen dynamique qui doit changer de couleur

Depuis plusieurs années la production européenne d’hydrogène portée par la transition énergétique connait une croissance assez rapide et s’est encore accélérée en cette première moitié d’année 2022.
Il y a seulement un mois (juin 2022), l’UE présentait sa décision historique d’interdire la vente de véhicule neuf à moteur thermique d’ici 2035, ce qui devrait entraîner une forte progression de la mobilité décarbonée. L’organisation McPhy reste cependant assez prudente et conservatrice quant aux bénéfices de ce vote sur le segment mobilité de l’utilisation de l’hydrogène. Mr Lucas nous précise :

Pour être honnête, je peux vous dire que je ne pense pas que tout le monde roulera dans un véhicule hydrogène dans trois ans. La mobilité hydrogène amène une valeur différenciante seulement sur certains segments et notamment celui de la mobilité lourde (camions, bus, flottes captives…). Par rapport à l’utilisation de batteries, l’hydrogène permet une adaptation à des véhicules plus grand (type cargo) et un temps de recharge beaucoup plus rapide (similaire à celui d’un plein d’essence). […] La progression de la mobilité hydrogène sera donc rapide sur les segments des mobilités lourdes et de flotte et sera très probablement plus lente et éparse sur les segments de mobilité des individus.”

Hormis cette décision de l’UE, le conflit entre l’Ukraine et la Russie a également fait prendre conscience au continent européen qu’il avait besoin de s’affranchir de sa dépendance aux hydrocarbures russes. Ce besoin, qui a amené au plan REPowerEU annoncé en mai dernier, implique notamment une très forte augmentation de la production d’hydrogène sur le continent. Les annonces qui ont accompagné le plan de restructuration énergétique induisent un besoin de vingt millions de tonnes d’hydrogène par an, décomposé en une production de dix millions de tonnes d’hydrogène en Europe et de dix millions de tonnes importées d’ici 2030. Pour faire simple, il faut entre soixante-cinq et soixante-dix GigaWatt de capacité d’électrolyseurs installés pour obtenir dix millions de tonnes d’hydrogène. En sachant que la production mondiale a aujourd’hui une capacité d’un seul GigaWatt, la marge de croissance quant aux annonces de l’UE est gigantesque.

Seulement, la production d’hydrogène dit gris (produit à base d’énergies non renouvelables) est souvent très polluante et est à elle seule, responsable de 5 à 7% des émissions mondiales de CO2 annuelles. C’est là qu’intervient McPhy et sa proposition d’hydrogène vert, levier important de décarbonation des industries. Son dirigeant nous explique :

Être capable de substituer un hydrogène vert à un hydrogène gris est un puissant levier de décarbonation. C’est d’ailleurs pour cela que les grands acteurs industriels s’en saisissent parce que lorsque vous avez un impératif de décarbonation sur vos process, que vous êtes fabriquant de verre ou de ciment (par exemple), l’un des premiers sujets que vous allez regarder va être l’hydrogène.”

Une croissance rapide, soutenue par le management de transition

C’est dans le cadre de cette dynamique de marché que McPhy, positionné dans le top 5 des leaders européens des technologies de production d’hydrogène vert, doit faire face à une concurrence assez forte. Pour faire jeu égal avec les organisations rivales dont font partie plusieurs grands groupes et assoir sa position de leader, l’entreprise accélère sa croissance en réalisant plusieurs projets de taille dont la construction d’une usine augmentant la capacité de déploiement annuel de bornes de rechargement de 20 à 150 et celle d’une Giga Factory leur permettant de passer d’une production de 300 MegaWatt à 1,3 GigaWatt.

Qui dit construction de nouveaux sites majeurs de production dit également recrutement intensif et McPhy concentre effectivement une grande partie de son énergie vers la recherche de nouveaux talents.
C’est vrai que nous sommes autant une société de recrutement qu’une société d’hydrogène ces jours- ci, notre process industriel c’est le recrutement !” plaisante Jean-Baptiste Lucas (DG).

Pour un effectif actuel de 180 collaborateurs, c’est plus de 45 recrutements qui ont été réalisés en 2021 et plus de 80 prévus en 2022, un rythme soutenu (10 recrutements pas mois environ) qui accapare une bonne partie des ressources de l’entreprise. Ainsi, pour pallier ce trop-plein de recrutement interne et répondre aux besoins spécifiques créés par la construction de nouveaux sites de production, McPhy a fait appel au management de transition.

Finalement rien de tel que le management de transition pour bien réussir sa transition énergétique.

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