En attendant la rentrée | Management #VISIONRH : Il n’y a pas que les employés qui sont soumis à un management de fer. Les cadres, aussi. Une philosophie mise au point par Jeff Bezos en personne. Le Point.fr a repris un article du New York Times (daté de samedi 15/8) qui détaille les méthodes « musclées » de management chez Amazon. Mais J.Bezos se défend (dans le Monde) : « Je ne pense pas qu’une entreprise adoptant l’approche décrite pourrait survivre »… Alors le management d’Amazon : un management d’avenir ?
Extraits de l’article publié par Le Point.fr le 17/8/2015
Il y a deux ans, un livre, En Amazonie, décrivait les conditions de travail assez terrifiantes du géant du commerce en ligne Amazon. Son auteur, Jean-Baptiste Nallet, s’était infiltré dans un entrepôt : cadences infernales surveillées en temps réel, secret absolu imposé à tous les salariés, froid polaire l’hiver dans les locaux, chaleur torride l’été… En Pennsylvanie, l’entreprise avait même prévu un ballet d’ambulances pour évacuer les employés pris de malaises dans l’entrepôt surchauffé…
Ce que l’on sait moins, c’est que ces méthodes de management despotiques ne sont en rien réservées aux employés de base. Les cadres d’Amazon, ses « leaders », sont soumis aux mêmes pressions. Un article du New York Times samedi décrivait en détail l’extension du domaine de la lutte au coeur de la firme fondée par Jeff Bezos : une lutte où tous les coups, ou presque, sont permis, ou le dépassement de soi est la règle, la disponibilité est totale, l’abnégation est un must. Aux antipodes de Google, donc, et de l’image super cool de la boîte high-tech, où tout est fait pour que les cerveaux épanouis puissent produire le meilleur d’eux-mêmes.
[…] Jeff Bezos a résumé ce qu’il attend des « amazoniens » dans une déclaration de principes. En vrac, un cadre doit pouvoir se remettre en question, à voix haute, si besoin, de même que son équipe. Il doit faire part de ses désaccords avec les décisions des autres quoi qu’il en coûte – à lui ou à celui qu’il conteste ainsi publiquement. Aucune tâche ne doit le rebuter : tout fait partie de son travail, y compris les plus infimes détails. Ce qui implique, cela va de soi, d’être mobilisé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Le tout dans la « frugalité » : car, enfin, plus on doit faire mieux avec moins et plus on est innovant. Traduction concrète, selon le New York Times, il est fréquent que les cadres payent de leur poche des dépenses liées à leur travail, depuis les dépenses de téléphone portable jusqu’à certains voyages professionnels. Le journal cite une certaine Dina Vaccari qui a payé elle-même un vacataire en Inde pour l’aider à récupérer des données censées améliorer ses performances.
« L’article explique que nous voulons intentionnellement créer un environnement de travail sans âme et dystopique, où on ne s’amuse pas et où on n’entend pas de rires », écrit M. Bezos. « Je ne pense pas qu’une entreprise adoptant l’approche décrite pourrait survivre, et encore moins prospérer sur marché très compétitif pour les embauches dans le secteur technologique », ajoute-t-il.