« La révolution entrepreneuriale sur le continent constitue le principal moteur des économies africaines »

Évènement

Dans leur dernier essai chez Odile Jacob, Jean-Michel Severino et Jérémy Hajdenberg apportent la démonstration que l’essor économique du continent africain se construit pour une large part sur les entreprises, les PME et start-up notamment.

Portée par des taux de croissance économique supérieurs à 5 % par an depuis le début des années 2000, l’Afrique subsaharienne se transforme à grande vitesse. En 2050, le PIB du continent (+ 611% depuis 2010) pourrait se rapprocher de celui de l’Union européenne, tandis que sa population comptera plus de deux milliards d’habitants, soit 20 % de la population mondiale, analysent Jean-Michel Severino et Jérémy Hajdenberg dans leur dernier essai Entreprenante Afrique (Odile Jacob, 2016).

Au cœur de cette expansion en marche, selon les auteurs, on trouve un secteur privé en plein essor, des PME dynamiques et une nouvelle génération d’entrepreneurs ; souvent jeunes, la plupart du temps très bien formés et fréquemment issus de la diaspora. « Ils sont créatifs et inventifs, proposent des biens et des services adaptés à la demande intérieure et se positionnent sur des parts de marchés à fort potentiel laissées par les groupes internationaux », résume Jean-Michel Severino, président d’Investisseurs & Partenaires (I&P), un groupe de fonds d’impact investment destiné aux PME africaines.

« Les entreprises employant moins de 250 personnes représentent environ 20% des emplois en Afrique du Sud, au Burundi et au Cameroun ; entre 30% et 40% en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Malawi et en Tanzanie. Elles sont donc en quelque sorte le creuset actuel et potentiel de la croissance économique du continent », écrivent Jean-Michel Severino et Jérémy Hajdenberg qui retracent dans leur livre des parcours héroïques de patrons africains et de formidables réussites, comme celles d’Aliko Dangote ou de Mo Ibrahim.

« Ces parcours sont emblématiques, mais dans leurs garages ou ateliers, dans des entrepôts ou de petites usines, nous avons rencontré une multitude de ces héros de l’entrepreneuriat qui sont les champions de demain », explique Jérémy Hajdenberg, directeur général adjoint d’Investisseurs & Partenaires (I&P).

De l’agro-alimentaire à la téléphonie, du bâtiment à la santé en passant par le tourisme et l’énergie, les deux auteurs décryptent une microéconomie africaine, inclusive, créatrice d’emplois, distributrice de richesses et tirée par l’émergence d’une nouvelle classe moyenne estimée à plus de 370 millions de personnes actuellement et 582 millions en 2030, selon la Banque africaine de développement (BAD).

« Pourquoi cette classe moyenne explique-t-elle le mouvement entrepreneurial ? Tout d’abord, parce qu’elle constitue progressivement un marché intérieur sans lequel le potentiel économique des entrepreneurs serait bien limité. Mais aussi parce que le vivier de fondateurs de PME, c’est bel et bien la classe moyenne », expliquent les deux auteurs qui battent en brèche deux idées fausses.

« Grâce à son secteur privé dynamique, l’Afrique gagne en compétitivité depuis 1980 avec une progression moyenne des exportations de produits manufacturés de 8 % par an tandis que son économie est beaucoup plus portée par son marché intérieur que par les exportations de matières premières, avec une consommation des ménages en hausse de 5 % par an depuis 2000 », explique Jean-Michel Severino.

« L’aventure entrepreneuriale que connaît l’Afrique ne parle pas qu’à elle-même. Elle parle au monde, à l’Europe et à la France », concluent Jean-Michel Severino et Jérémy Hajdenberg qui rappellent que ce « moteur africain » offre une réserve de croissance et d’emplois au monde entier. Exemple en France : 830 000 emplois pourraient être créés d’ici à 2030 du seul fait du commerce avec l’Afriquesubsaharienne et 1 200 000 avec le continent dans son ensemble.

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