Des salariés heureux, sains dans un corps sains, n’ont pas besoin de poser d’arrêts maladies. C’est ce sur quoi misent les chantres de la qualité de vie au travail.
D’ailleurs, le taux d’absentéisme est souvent interprété pour mesurer le degré de bien-être au travail. Et un faible taux, présenté par les DRH comme la meilleure note du bien-vivre dans l’entreprise.
Sauf que le surprésentéisme, c’est-à-dire le fait de se rendre au travail, même quand son état de santé psychique ou physique aurait mérité un arrêt de travail, fausse cet indicateur… Et peut provoquer à long terme des effets dévastateurs pour la santé.
En refusant de s’absenter, les acharnés du travail risquent des maladies bien plus graves… Et d’être arrêtés pour plus longtemps au final. « Les personnels RH et les managers ont tendance à penser que c’est une bonne chose que les salariés viennent travailler à tout prix, que cela montre leur investissement dans l’entreprise. Sauf qu’à long terme, cela dégrade leur santé », assure Denis Monneuse, auteur de Le surprésentéisme, travailler malgré la maladie.
[…]
D’autant plus que cela entraîne des soucis relationnels, selon Denis Monneuse:
« Se rendre au travail alors que l’on est malade demande des efforts supplémentaires. Cela peut créer une sorte d’incompréhension car pour le salarié, cela devrait refléter son implication alors qu’aux yeux des autres, qui ne perçoivent pas forcément qu’il est souffrant, cela donne surtout le sentiment qu’il est moins rapide, moins performant que d’habitude. »
Pour éviter d’en arriver là, « le manager de proximité est le mieux placé pour se rendre compte du surprésentéisme », selon lui.
Les indices ? Un état visible de fatigue, des erreurs d’inattention, une qualité de travail moins bonne que d’habitude, des erreurs à répétitions… Qui nuisent à terme à la productivité.
Rares sont les entreprises qui s’en préoccupent, sauf en cas de maladies contagieuses comme les grippes. Là, les directions des ressources humaines envoient des mails à tour de bras pour conseiller aux salariés souffrants de rester chez eux… Afin d’éviter de voir les autres tomber tour à tour comme des dominos.